L’apparition Du Christ Ressuscite À Sa Mère ! Lecture Négro-Africaine du Texte Ignatien [E.S. 218-225]

« C’est à toi que nous parlons, Femme muntu, qui aspire avec raison à être mère, épouse unique, et citoyenne à part entière dans la vie sociale, économique et politique, personne prépondérante de notre civilisation, ministre de la circulation du sang et de la culture de base – la langue que nous parlons ne s’appelle-t-elle pas langue maternelle ? » (MzEE Munzihirwa)[1].

Introduction

Les évangiles ne rapportent pas une apparition de Jésus-Christ à Marie, sa Mère. Cependant Saint Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites et auteur des Exercices Spirituels, propose aux retraitants un exercice de contemplation de la rencontre du Ressuscité avec sa Mère bénie[2] ! La présente réflexion se concentre sur la supposée « apparition à Notre Dame » [E.S., 218-225 ; 299], Il s’agit de lire cette contemplation ignatienne avec le background culturel négro-africain pour juger de sa pertinence et de son sens avec des arguments propres à l’Afrique noire[3]. Car, selon la sagesse de la spiritualité ignatienne, les Exercices sont présentés, reçus et faits « différemment » selon les époques, les personnes et les situations, puisqu’il n’y a pas une expérience, même spirituelle, qui ne soit conditionnée par le contexte (historique, politique, culturel, etc.)[4].

  1. 1. Le texte ignatien

Après avoir fait méditer toute la vie de Jésus depuis sa naissance jusqu’à sa mort, Ignace de Loyola propose à l’exercitant de contempler aussi le Christ ressuscité[5]. Prenant distance des témoignages écrits et rapportés dans le Nouveau Testament, la première apparition du Christ ressuscité, selon les Exercices Spirituels, était réservée à la Vierge Marie. Voici le texte des ES:

2181 La première contemplation : comment le Christ Notre Seigneur apparut à Notre Dame (299)

          2 La prière préparatoire habituelle.

2191 Le premier préambule est l’histoire. C’est ici comment, après que le Christ eut expiré sur la croix et que le corps resta séparé de l’âme, la divinité étant toujours unie à lui, l’âme bienheureuse descendit aux enfers, unie pareillement à la divinité;2 et, après avoir tiré de là les âmes justes et être venu au sépulcre, ressuscité, il apparut en corps et en âme à sa mère bénie.

  1. Le deuxième: une composition en se représentant le lieu; ce sera ici de voir la disposition du saint sépulcre et l’endroit ou bien la maison de Notre Dame, en en regardant chaque partie, une à une, comme la chambre, l’oratoire, etc.
  2. Le troisième: demander ce que je veux. Ce sera, ici, demander la grâce d’éprouver intensément allégresse et joie de la si grande gloire et joie du Christ notre Seigneur.
  1. Les premier, deuxième et troisième points seront les mêmes que d’habitude, ceux que nous avions pour la Cène du Christ notre Seigneur.
  1. Le quatrième: considérer comment la divinité, qui paraissait se cacher dans la Passion, paraît et se montre maintenant si miraculeusement dans la très sainte Résurrection, par les vrais et très saints effets de celle-ci.
  2. Le cinquième: regarder l’office de consolation que vient exercer le Christ notre Seigneur et le comparer à la façon dont des amis ont l’habitude de se consoler les uns les autres.
  3. Terminer avec un colloque ou des colloques, selon la matière proposée, puis un Pater noster [E.S., 218-225].

Il s’agit là d’une belle intuition spirituelle qu’Ignace propose – à la suite donc de ses inspirateurs[6] – sous la forme d’une affirmation de foi: Jésus Christ Ressuscité s ’est montré à plusieurs personnes dont la première fut sa mère bénie [E.S., 219],

Cependant, elle soulève quelques interrogations: Jésus ressuscité serait-il vraiment apparu à Marie? Autrement dit, l’idée est-elle soutenable, avec quels arguments? Pourquoi Jésus ressuscité devrait-il se montrer en premier lieu à sa Mère? Comment soutenir la véracité ou mieux la possibilité d’une telle apparition à partir d’éléments anthropologiques et culturels négro africains ?

  1. Une lecture négro-africaine du texte ignatien

Pour saisir le sens de cette apparition ainsi que les arguments qui pourraient la soutenir, nous interrogeons le rôle de la femme dans les sociétés traditionnelles africaines et la relation de la femme avec son enfant chez le négro-africain. « La société africaine traditionnelle, malgré les abus inhérents à toute civilisation, était conçue de façon à donner à la femme sa valeur, compte tenu du milieu sociologique dans lequel elle se trouvait »[7]. Comme toute femme mais avec un accent culturel et affectif propre, elle était épouse et mère, et en tant que telle, elle jouait un rôle important dans la société au sein de laquelle elle jouissait d’ailleurs d’une considération particulière[8]. Dans l’univers négro-africain la femme est avant tout épouse et mère.

a. Femme noire, l’épouse

La première identité (épouse) la met particulièrement en relation, d’une part, avec son époux, sa maisonnée et, d’autre part avec la société. En tant qu’épouse la femme noire remplit différentes tâches dans le foyer. En effet, aujourd’hui encore, dans plusieurs pays africains, les familles vivent de l’effort et de la débrouillardise de la femme, épouse et mère. Selon les contextes, elle cultive, vend, cherche, travaille, etc.

La femme africaine, hier et aujourd’hui, reste encore celle qui soutient la société – culturellement, économiquement, religieusement, etc. -, elle en garantit la survie et l’avenir. « Nous sommes les femmes, nous sommes bien plus qu’une partie de la population, nous sommes responsables de la population d’aujourd’hui mais aussi de la population de demain; c’est entre nos mains que repose l’avenir de nos nations », disait-on à juste titre aux stagiaires africaines séjournant en Israël[9]. L’évêque jésuite Christophe Munzihirwa, avait très bien résumé cette première identité et fonction de la femme dans la culture négro-africaine : « Elle est à la fois facteur principal de stabilité et pilier de la vie sociale. Educatrice née, c’est par elle plutôt que par l’homme que se transmettent les coutumes et les traditions: Eduquer un homme a-t-on dit, c ’est éduquer un individu, mais éduquer une femme, c ’est éduquer un peuple»[10]. Puisqu’elle donne la vie, la soutient tout au long de son épanouissement dans la société, elle est Mère. Nous allons approfondir le sens de cette relation qui la lie particulièrement à ses enfants.

b. Femme noire, la mère

En Afrique, la femme n’est pas seulement épouse. Elle est aussi mère. L’Afrique tient à cette qualité irremplaçable de la femme. Même une jeune qui n’est pas encore à l’âge de concevoir est parfois appelée « mère-maman » pour lui accorder le respect dévolu à la femme-mère. « En Afrique, remarquait encore Munzihirwa, ce n’est ni la rentabilité, ni le travail, ni l’amour, ni la fortune, ni le rang social, qui donnait la vraie valeur à la femme, mais c’est la maternité »[11]. Bien que toute femme a de la considération notamment à cause de sa maternité naturelle – potentiellement mère, même sans avoir mis au monde -, pour « les peuples d’Afrique noire, observe Marcel Matungulu, le fait de ne pas avoir une progéniture est une grande humiliation, un malheur que ni la richesse matérielle, ni les qualités morales, ne peuvent compenser»[12]. C’est pourquoi, même un couple qui n’a pas d’enfant finit très souvent par se séparer[13]. En effet, renchérit Munzihirwa, « dans l’Afrique ancestrale, la femme stérile n’est que tolérée, et même la vie de célibataire n’était pas, dans notre conception, justifiable. La femme est riche d’humanité car elle est

admirablement épanouie par sa maternité et admirablement équilibrée par son sens de l’hospitalité »[14].

Dans l’univers négro-africain donc, la femme est mère. Une des missions qu’elle a reçues de Dieu serait de se marier et d’avoir des enfants[15]. Porteuse de la vie, elle est la mère de tous les hommes (homo non pas vir). C’est parce que Dieu ne voulait pas être visible partout, qu’il créa les mères pour s’occuper des enfants, pense le Négro. On n’a pas encore trouvé de mots plus adéquats que ceux du poète romancier guinéen Camara Laye (1928-1980) pour exprimer le secret de la relation de l’enfant noir avec sa mère.

  1. Enfant noir et sa mère, complicité affective

La relation entre la mère et l’enfant commence à la gestation. La complicité affective profonde est inexplicable avec des arguments rationnels. Chaque enfant noir, même devenu adulte, se retrouve encore dans le célèbre poème que nous désirons analyser.

  1. A ma Mère

Femme noire, femme africaine O toi, ma mère, je pense à toi… O Daman, ô ma

mère,

  1. toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes

premiers pas, toi qui la première, m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre,

je pense à toi…

  1. Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, ô toi, ma

mère, je pense à toi…

  1. O toi Daman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes,

toi qui me réjouissais le cœur, toi qui, patiemment supportais

mes caprices,

  1. comme j’aimerais encore être près de toi, être enfant près de

toi, être enfant près de toi!

Femme simple, femme de la résignation, O toi, ma mère, je pense à toi…

  1. Ô Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons,

ma pensée toujours se tourne vers toi,

la tienne à chaque pas m’accompagne,

ô Dâman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur,

être enfant près de toi…

  1. Femme noire, femme africaine, O toi, ma mère, merci,

merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près de toi![16]

  1. Le fait déjà de l’appeler affectueusement « dama (maman) » évoque les neuf mois qui séparent la conception de la naissance. Période pendant laquelle l’enfant est porté et où sa subsistance est intrinsèquement liée à sa mère.
  2. « Toi qui me portas sur le dos » rappelle l’affection et la proximité complice entre une mère et son enfant. La femme noire porte l’enfant au dos pendant qu’elle vaque à ses multiples occupations (ménagères, etc.) pour la survie de la maisonnée[17].

3 et 6. Pour que la vie qu’elle donne s’épanouisse, la mère continue à la nourrir avec son lait mais aussi à travers les multiples labeurs qui meublent son quotidien: « femme des champs, femme des rivières », femme des marchés, femme des bureaux, (etc.); on pourrait aujourd’hui allonger la liste suivant le panorama de la débrouillardise féminine en Afrique.

  1. L’enfant peut toutefois rencontrer des insatisfactions dans sa croissance. Il peut aussi manifester des caprices. Pour exprimer son mécontentement, son langage est souvent celui des larmes. L’enfant noir s’en souvient, c’est encore et toujours à la maman qu’on recourt. C’est elle qui essuie les larmes, console et supporte les caprices d’une vie en croissance.

5 et 7. « Comme j’aimerais encore être près de toi. Etre dans la chaleur, enfant près de toi » : Une remémoration si authentique ne peut qu’aboutir à la reconnaissance et au respect que d’aucuns expriment avec ce mot simple mais chargé de signification: Merci! « Merci pour tout ce que tu fis pour moi ».

Cependant, malgré ces mots éloquents du poète romancier dans lesquels chaque enfant noir, fille ou garçon, – même devenus adulte – se reconnaît, il demeure difficile d’exprimer adéquatement le sentiment profond qui découle de la complicité de l’enfant et sa Mère notamment dans l’univers négro- africain. N’est-ce pas là une des raisons pour lesquelles, dans la vie, l’enfant noir réserve toujours une place de choix à sa mère ?

  1. De l’anthropologie africaine à la théologie spirituelle chrétienne: Marie mère et disciple fidèle de Jésus Christ

A partir de cette approche culturelle, anthropologique, qui scrute le secret de la relation de l’enfant avec sa mère, le négro-africain renverse « l’analogie »[18]. C’est-à-dire qu’à partir de son expérience avec sa mère, l’enfant noir, même devenu chrétien, peut comprendre que Jésus devrait, sans doute, se montrer à sa Mère en premier lieu. En se mettant dans la peau de Jésus, avec ses mêmes sentiments (Ph 2,5), le Négro-africain admet sans problème la possibilité d’une telle rencontre. Celle-ci serait même une évidence.

En effet, la vie et l’activité de Jésus étaient liées à la vie de Marie. Celle- ci était à la fois la Mère qui engendra Jésus (Mt 13,55) et sa disciple la plus fidèle. Comme Mère, Marie s’était, par exemple, exilée pour protéger la vie du nouveau-né (Mt 2,1-19). Et lorsqu’il avait douze ans, la mère avait souffert de la disparition de l’enfant au Temple (Lc 2,42-52). Elle anticipa l’Heure de Jésus aux noces de Cana (Jn 2,1-11). Et, toujours comme mère mais à la fois comme disciple, Marie était présente à l’Heure accomplie de Jésus lorsque, du haut de sa croix, Jésus la confia à ses disciples de toutes les époques: « Voici ta mère » (Jn 19,25-27). Marie, la discipline était à la suite de son Fils jusqu’à la passion. Dans la prière avec la communauté des disciples elle attendait l’Esprit qui ouvrit l’Eglise à l’annonce de la Bonne Nouvelle (Ac 1,14).

Toutefois, les Ecritures ne rapportent pas une apparition du Christ à Marie. Elles présentent les apparitions en commençant par la visite des femmes au tombeau et la rencontre de l’ange qui leur annonça la résurrection. Il y a ensuite le face à face avec le Ressuscité qui fit d’elles les premières messagères de cette bonne nouvelle (Mt 28,9-10; Mc 16,6). Paul pense, quant à lui, qu’il serait d’abord apparu à Céphas, puis aux Douze, etc. (1 Co 15,5). Dans tous les cas, Pierre apparait comme la norme pour la confirmation de la réalité de l’apparition et donc, de la résurrection (Lc 34, 34; Jn 20,2).

Partant de ce « silence des Ecritures » et méditant la vie de Jésus, Ignace de Loyola déduit qu’il y aurait une apparition de Jésus ressuscité à sa Mère bénie. Il prend soin de justifier cette interprétation du texte sacré: « Il apparut à la Vierge Marie; ce qui, bien qu’on ne le dise pas dans l’Écriture, est considéré comme dit, puisqu’il est dit qu’il apparut à tant d’autres. Car l’Écriture suppose que nous avons de l’intelligence, selon ce qui est écrit: Êtes-vous, vous aussi, sans intelligence ? (Mt 15,16) » [E.S. 299], Autrement dit, même si elles ne rapportent pas une apparition du Christ à Marie, les Ecritures avertissent qu’elles ne rapportent pas tout ce que Jésus a dit, a fait et a vécu (cf. Jn 21). Ce qui laisse comprendre que le lecteur et l’auditeur de la Parole ont de l’intelligence pour imaginer et établir les connexions entre les faits révélées, des mystères de la vie de Jésus (Mt 15,16). On le sait, ses Exercices Spirituels invitent souvent le retraitant à faire usage de Y imagination pour composer les lieux, pour contempler les personnes: ce qu’elles disent, font et vivent, etc. Il s’agit ici d’une bonne application des facultés de l’âme (l’intelligence, la mémoire et la volonté) sur le texte sacré.

Les théologiens occidentaux justifient « l’omission » d’une telle apparition dans les Ecritures. Ils expliquent le « silence » des textes sacrés, (ou leur allusion implicite) sans dire clairement pourquoi nous devons croire que Jésus ressuscité serait apparu en premier lieu à la Vierge Marie ! Les théologiens ont bien procédé en établissant un lien entre les différents mystères de la vie du Christ. Ils partent, comme Ignace d’ailleurs, du « silence des Ecritures » pour déduire qu’il y’aurait une apparition de Jésus ressuscité à sa Mère bénie. C’est pourquoi cette ligne argumentative mérite d’être complétée par celle que nous proposons.

Alors qu’Ignace, et à sa suite beaucoup d’auteurs occidentaux, défend son interprétation de l’Ecriture avec un raisonnement principalement rationnel et déductif, dans la perspective négro-africaine, l’argument soutenable, sur cette apparition serait davantage du type affectif (la complicité, le secret de la relation mère et enfant) et le procédé adéquat est l’induction. Si les premiers ont souvent résolu le dilemme en répondant à la question : « pourquoi l’écriture ne rapporte pas l’apparition à Marie ? », nous poserons, quant à nous, la question autrement : « pourquoi Jésus devrait-il « nécessairement » apparaitre en premier lieu à Marie ? »

En d’autres mots, on doit considérer tout le poids anthropologique de la relation mère et enfant pour conclure, d’une part, qu’un tel enfant ne pouvait pas ne pas visiter sa Mère et, d’autre part, une telle rencontre devait être la première de toutes.

Il ressort ainsi de l’expérience de l’enfant noir et, par une « analogie renversée », il pourrait en être ainsi pour le Fils de Marie ressuscité après la passion et la mort. Certes, les Ecritures et la Tradition ne disent pas explicitement que Jésus était apparu à la Vierge Marie et des réflexions ont été menées notamment en Occident pour comprendre ce silence. Au bout de notre parcours réflexif, nous désirons réaffirmer fortement l’intuition ignatienne avec l’approche négro-africaine : si Jésus, Fils de Dieu, est vraiment fils de Marie, il ne devrait qu’apparaitre d’abord à Marie car elle est sa Mère (sa maman) !

 

Conclusion

Il est vrai que, comme le notait Santiago Arzubialde, l’apparition à Marie est parmi les questions de foi qui peuvent créer la confusion si on l’aborde a-critiquement dès lors qu’elle confronte le champ propre à l’exégèse avec celui de la piété ou de la dévotion[19]. Mais elle méritait d’être étudiée à cause de la place de choix qu’Ignace de Loyola lui réserve dans la dynamique de la Quatrième Semaine des Exercices.

Notre étude voulait qu’à travers l’exercice ignatien – lu, expérimenté et vécu à l’africaine – la personne qui s’engage à l’expérience des Exercices Spirituels arrive à saisir la vérité de l’intuition spirituelle ignatienne à partir de l’expérience « de l’enfant noir avec sa mère ». Dans le cas concret de l’apparition qui nous concerne, nous avons ressorti certains éléments de la culture négro-africaine pour une bonne intelligence de cette contemplation[20]. Il en découle que la culture négro-africaine et, donc aussi, la foi de l’Africain, même devenu chrétien, admet, sans difficulté, cette intuition spirituelle extra biblique. Si l’Enfant de Marie s’est montré à d’autres, Il s’était certainement montré à sa Mère, pourrait-on dire, suivant la sagesse négro-africaine. Peu importe alors ce que la Mère et le Fils se sont dit !

Plaise à Dieu que le respect et la considération que « l’Enfant noir » réserve à « sa Mère » soit aussi accordés à « chaque femme ». Car elles sont toutes Mères ou potentiellement Mères[21].

 

(Ref: Telema, Revue de réflexion et créativité Chrétiennes en Afrique, pp. 10 – 19)

[1] Cf. Mzee Munzihirwa, « Aux racines du développement, le rôle de la femme », 361.

[2] Cf. I. de Loyola, Exercices Spirituels (E. Gueydan, trad.), Paris, DBB, 1987, [218-225 ; 299]. Désormais [E.S.].

[3] Nous sommes conscients qu’à Père de l’interculturalité, il est malaisé de parler d’une « culture africaine ». La même

difficulté se présente aussi lorsqu’on parle de la « femme africaine », car celle des villes n’a plus les mêmes habitudes

que celle des milieux ruraux ou enclavés. Cette difficulté méthodologique ne nous empêche pas de réfléchir sur ce qui

demeure, se recoupe d’une partie de l’Afrique à une autre et constitue le substrat des éléments de la culture négro-

africaine et qu’on peut encore retrouver chez une bonne partie des femmes africaines où qu’elles soient. Cf. J.

Maquet, Africanité traditionnelle et moderne, Paris, Présence africaine, 1967 ; A. Thiam, La Parole aux Négresses,

Paris, Denoël-Gonthier, 1978; Aa.Vv., La civilisation de la femme dans la tradition africaine (Colloque d’Abidjan

3-8 juillet 1972), Paris, Présence Africaine, 1978; Aa.Vv., Des femmes écrivent l’Afrique, 3 vols., Paris, Karthala,

2007-2010.

[4]  Cf. G. Malulu Lock, « Les Exercices de saint Ignace et l’Afrique. Propos sur deux priorités de la Compagnie de

jésus », 486; J.-C. Guy, « Le livre des Exercices », in Saint Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, Paris, Seuil,

1982, 20.

  • C’est la matière de ce qu’il appelle la « Quatrième semaine », c’est-à-dire la dernière étape dans la subdivision des

matières dans le livret des Exercices Spirituels. Cf. [E.S. 4].

 

[6] Si on creuse dans la tradition notamment patristique, on découvre qu’indépendamment de l’exégèse, il existait

effectivement une dévotion à l’apparition du Christ à Notre Dame. Voir par exemple: S. Arzubialde, « Una lectura

teolôgica de la apariciôn del Resucitado a Ntra Sra. sobre dos traducciones castellanas del siglo XVI », in Man. 64

(1992) 71-86; Jean Chrysostome Homélies 88 in Matt. (PG. 58, 777); Albert le Grand, In Evang Marti (16, 9),

«Christus Matri apparuit, non ut probaret resurrectionem, sed ut eam visu suo laetificaret», in Opéra Omnia (Ed.

Borgnet), n°21, 755.

[7] Mzee Munzihirwa, «Aux racines du développement, le rôle de la femme», in Zaïre-Afrique, n° 196 (Juin-Juillet-

Août 1985) 349-361, 351. Pour étoffer ce point, nous nous sommes largement inspirés des écrits de Monseigneur

Christophe Munzihirwa, évêque et martyr du Congo: «Aux racines du développement, le rôle de la femme», et «Le

Zaïre face à l’avenir des familles», in Zaïre-Afrique, n° 206, (Juin-Juillet-Août 1986) 337-339.

[8] Sur le rôle de la femme, sa place et son identité dans la société africaine, nous reprenons largement notre article paru

dans Congo Afrique : G. Malulu Lock, « La femme dans la poésie négro-africaine d’expression française. Quels

gages pour une culture de la lutte contre les violences faites aux femmes ? », in Congo-Afrique, 521 (Janvier 2018)

78-83.

  • Mzee Munzihirwa, « Aux racines du développement, le rôle de la femme », 349.

 

  • , 351.

[11] Idem, 352.

[12] Matungulu Otene, Célibat consacré pour une Afrique assoiffée de fécondité, Kinshasa, St. Paul Afrique, 1979, 16.

[13] Cf. Matungulu Otene, Fidèle au Christ et à l’univers négro-africain. Ebauche d’une spiritualité, Lubumbashi,

Saint Paul Afrique, 1980, 53.

[14] Mzee Munzihirwa, « Aux racines du développement, le rôle de la femme », 351.

[15] Mzee Munzihirwa que nous paraphrasons soutient son argumentaire avec ce proverbe Ntu: « Les femmes ressemblent

à Dieu parce que c’est sur leur dos qu’elles portent les enfants ». Cf. Mzee Munzihirwa, « Aux racines du

développement, le rôle de la femme », 351.

 

[16] Camara Laye, L’enfant noir, Paris, Plon, 1953. La numérotation est de nous, pour le besoin de l’analyse. Dans la

littérature musicale, la chanson “Marna” du chanteur R D. Congolais Papa Wemba (1949-2016) est aussi une

classique pour dire les éloges de la “Mère”.

[17] Cf. A. Kéita, Femme d’Afrique. La vie d’Aoua Kéita racontée par elle-même, Présence Africaine, 1975; Ch. Obbo,

African Women: Their Struggle for Economic Independence, London, Zed Press, 1980.

[18] Nous parlons du renversement des éléments de l’analogie car l’analogatum princep demeure la relation de Jésus et

Marie.

[19] Cf. S. Arzubialde, « Una lectura teolôgica de la apariciôn del Resucitado a Ntra Sra. sobre dos traducciones

castellanas del siglo XVI», in Man. 64 (1992) 71-86, 72. Parmi les opinions opposées à cette apparition, il y a celle

d’Yves Congar qui pense qu’elle est bibliquement discutable, Marie n’avait besoin d’aucune apparition. Et celle-ci

fait l’ombre à la protovision attestée à Pierre. Cf. Y. Congar, « Incidence ecclésiologique d’un thème de dévotion

mariale», in Mélanges de Science Religieuse 7 (1950) 276-292.

 

[20] Ainsi faisant, croyons-nous, le chrétien africain, s’élèvera petit à petit à ces hauteurs vers le Christ, dont parlait

Meinard Hebga, sans nécessairement transiter par les expériences d’autres cultures. L’idée géniale du père Hebga a

été triomphalement reprise dans la thèse d’Oscar Bimweny Kweshi. Cf. M.P. Hebga, Emancipation d’Eglises sous

tutelle. Essai sur l’ère post-missionnaire, Paris, Présence Africaine, 1976, 158; O. Bimwenyi Kweshi, Discours

théologique négro-africain. Problème des fondements (thèse doctorale en vue de l’obtention du grade de Docteur en

Théologie), Louvain, Université Catholique de Louvain, 1977, 188.

[21] Cf. G. Malulu, « La femme dans la poésie négro-africaine d’expression française», in Congo-Afrique, 521 (Janvier

2018) 83.

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