Thème : La Mission comme synodalité – Sur l’expérience de vivre la Synodalité
Sœurs et Frères, je vous souhaite la bienvenue au nom du Bureau Exécutif du SEDOS à ce Séminaire d’automne, espérant que chacun d’entre nous pourra trouver au cours de cette journée, suffisamment de nourriture spirituelle et intellectuelle pour stimuler notre travail missionnaire futur.
C’est un honneur pour moi de dire quelques mots pour ouvrir nos échanges sur ce thème très actuel choisi pour notre séminaire d’automne SEDOS de cette année sur le thème de La Mission comme synodalité – Sur l’expérience de vivre la Synodalité.
Nous sommes ravis que tant de personnes participent à ce séminaire en présentiel. Nous sommes plus de 60 personnes dans la salle. Nous sommes reconnaissants à l’UISG de nous avoir permis d’utiliser ses locaux et ses équipements. Merci aux interprètes qui faciliteront le partage dans les différentes langues.
Nous remercions les membres du Comité Exécutif du SEDOS, plus particulièrement l’équipe opérationnelle du SEDOS : P. John Paul Hermann, SVD, le Directeur de SEDOS, Sr. Celine Kokkat, CJMJ. (Congrégation de Jésus Marie Joseph), Secrétaire ; Sr. Christina, CJMJ (Congrégation de Jésus Marie Joseph).
Merci à vous d’être venu nous rejoindre pour participer et apporter votre contribution à ce Séminaire d’Automne.
Le thème de ce séminaire porte sur la Mission comme synodalité. Cette matinée, nous entendrons des témoignages de trois personnes consacrées qui ont participé à l’assemblée du Synode sur la synodalité, qui s’est tenue à Rome du 4 au 28 octobre dernier. Merci à eux d’avoir accepté d’être des participants actifs de cette journée : Sœur Mary Barron, OLA, Supérieure générale de Notre-Dame des Apôtres, Présidente de SEDOS et Présidente de l’UISG ; P. Tesfaye Tadesse, Supérieur général des Missionnaires Comboniens (MCCJ), Mark Hilton, SC, Supérieur général des Frères du Sacré-Cœur. Ayant été délégués à l’assemblée du Synode sur la Synodalité, avec plus de 362 autres participants venus du monde entier, nos trois conférenciers partageront avec nous, ce matin, ce que fut leur expérience du synode et les points saillants, qui de leurs points de vue, ont caractérisés cette assemblée synodale historique. Elles partageront avec nous leur expérience de cette assemblée générale ordinaire historique.
Leurs témoignages serviront de toile de fond au partage et à la célébration de la synodalité dans l’après-midi. L’idée est de faire l’expérience de la synodalité au niveau le plus profond entre nous, sur la base de ce que nous entendrons ce matin, de nos trois intervenants, ou de ce que nous avons entendu autour de nous, et/ou dans nos communautés. Et ensuite, en utilisant l’approche adoptée par l’Assemblée synodale de Rome, les « conversations dans l’Esprit », nous nous écouterons les uns les autres et essayerons d’entendre ce que l’Esprit Saint a à nous dire au cours de cette journée que nous passerons ensemble dans la prière et la réflexion.
En réfléchissant à ce sujet en vue de la journée d’aujourd’hui, un certain nombre de points, tirés du rapport de synthèse, me semblent particulièrement importants et, dans cette brève introduction, je n’en mentionnerai que deux : 1) Mission comme synodalité et 2) la coresponsabilité synodale dans la mission.
1. Mission comme synodalité
La Constitution Praedicate Evangelium souligne le lien entre synodalité et mission qui trouve sa source dans l’Eglise comme mystère de communion. Ce mystère de communion, poursuit le document, « donne à l’Église le visage de la synodalité : une Église de l’écoute mutuelle dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, “l’Esprit de Vérité” ( Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises ( Ap 2, 7). Cette synodalité de l’Église sera alors à entendre comme le « “marcher ensemble” du troupeau de Dieu sur les sentiers de l’histoire à la rencontre du Christ Seigneur » [8]. Il s’agit de la mission de l’Église, de cette communion qui est pour la mission et qui est elle-même missionnaire. » (PE 4).
La Mission est la vocation du peuple de Dieu tout entier. Chaque personne baptisée est membre à part entière de l’Eglise. Lumen Gentium nomme tous les baptisés comme ‘peuple de Dieu’ et Ad Gentes déclare l’œuvre de l’évangélisation comme devoir fondamental du Peuple de Dieu. Le Pape François, en mettant en œuvre la synodalité dans la mission, veut encourager tous les chrétiens à devenir missionnaires. Dans Evangelii Gaudium, le Pape utilise amplement la notion de ‘disciple-missionnaire’ : les baptisés, du premier au dernier, sont tous des disciples missionnaires en vertu du baptême reçu.[1]
Pour François, il serait inadéquat de penser la mission uniquement par des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. Dans la mesure où il y a des expériences de l’amour du Seigneur qui donne réconfort et bonne espérance, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, tous les baptisés sont les sujets de l’évangélisation.
A l’occasion du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, le Pape parle de la synodalité ecclésiale, où le principe hiérarchique, est gardé mais transformé en « une pyramide renversée, le sommet se trouvant à la base ». Il s’agit d’un rappel à tous ceux qui exercent l’autorité d’un ‘ministre’ qu’ils doivent se considérer comme serviteurs du peuple de Dieu, selon le modèle de Jésus, le serviteur des serviteurs. Pour le pape, la synodalité est une dimension constitutive de l’Église et c’est ce que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire.[2]
Et l’Eglise synodale est l’Eglise de partage, de communion où les chrétiens baptisés partagent la mission et l’organisation pastorale de la communauté ecclésiale. La conscience que nous sommes tous Église, également appelée synodalité, change non seulement notre conception ecclésiale, mais aussi notre conception missionnaire.[3] La synodalité va donc de pair avec la mission. « Elle désigne avant tout le style particulier qui détermine la vie et la mission de l’Église dont il exprime la nature comme le fait de cheminer ensemble et de se réunir en assemblée du Peuple de Dieu convoqué par le Seigneur Jésus dans la force du Saint-Esprit pour annoncer l’Évangile. »[4] Toute mission doit avoir la synodalité comme horizon.
Le rapport final lui-même fournit une définition complète du terme synodalité. « La synodalité peut être comprise comme la marche des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume, avec toute l’humanité ; orientée vers la mission, elle implique de se réunir en assemblée aux différents niveaux ecclésiaux de la vie, de s’écouter les uns les autres, de dialoguer, de discerner en commun, de rechercher le consensus comme expression de la présence vivante du Christ dans l’Esprit, et de prendre des décisions dans le cadre d’une coresponsabilité différenciée ».
2. La coresponsabilité synodale dans la mission
Le concile Vatican II a sans doute apporté une révolution dans la vie de l’Église catholique, particulièrement dans l’ordre ecclésiologique des choses, en faisant de celle-ci un peuple de Dieu. Dès lors, la distinction entre clercs et laïcs, auparavant perçus comme un troupeau conduit par ceux-là, perdait désormais sa signification. L’institution de l’Église comme peuple de Dieu annonçait l’heure de la communauté au sein de laquelle il fallait redéfinir les types de rapports entre clercs et laïcs dans la pastorale et la mission même de l’Église.[5]
« Voilà déjà deux ans qu’a commencé, à la demande du pape François, un long processus d’écoute et de discernement, ouvert à tout le peuple de Dieu, sans exclusive, afin de ‘marcher ensemble’, sous la conduite de l’Esprit Saint, disciples missionnaires à la suite du Christ Jésus. »[6] Marcher ensemble, c’est le souhait du pape François pour notre Église et donc pour la communauté qui la constitue. Un souhait prophétique dans une société de plus en plus marquée par les inégalités sociales et le cloisonnement, par la montée du populisme et la peur de « l’autre ». Marcher ensemble signifie que nous, en tant qu’Église, ne nous mettons pas en route seuls, mais que nous sommes conscients de tous ceux qui pourraient nous accompagner. Nous devons nous attendre les uns les autres, nous soutenir mutuellement et ne laisser personne derrière nous. Pas seulement nous, les membres de l’Église, mais aussi tous les autres.[7]
Coresponsabilité, c’est le mot principal à retenir de ce synode. Il s’attaque à la question du gouvernement de l’Église et appelle à une gestion liant les évêques, les prêtres et les laïcs. L’Instrumentum Laboris avait placé le thème de la coresponsabilité dans la mission au centre du discernement (B.2). Il faisait référence à l’échange entre les Églises sur les sujets de la communion (IL 35) et de la mission (IL 22, 41). Il avait suggéré une question préalable aux cinq questions qui suivaient : Comment partager les dons et les missions au service de l’Évangile ? Cette réflexion théologique examine le lien intrinsèque entre synodalité et mission (1) ; la coresponsabilité des baptisés (2) ; le partage au service de l’Evangile (3).
Le rapport final du synode appelle à une plus grande « coresponsabilité » dans l’Église de tous les croyants dans la mission d’évangélisation – et propose des réformes concrètes pour y parvenir. Il met en œuvre la synodalité dans la gouvernance de l’Église, la théologie, la mission et le discernement de la doctrine et des questions pastorales. Ce document de synthèse comprend des propositions notables visant à établir de nouveaux ministères pour les laïcs, à accroître la participation des laïcs à la prise de décision, à créer des processus d’évaluation de l’exercice du ministère des évêques, à modifier la manière dont l’Église discerne les questions « controversées » et à étendre l’empreinte des assemblées synodales à l’avenir. « L’exercice de la coresponsabilité est essentiel pour la synodalité et est nécessaire à tous les niveaux de l’Église », indique le rapport final. « Chaque chrétien est une mission dans le monde. » C’est l’approche de Jésus : créer des espaces pour tous afin que personne ne se sente exclu ».
Une fois que cela est dit, nous ne devons pas perdre de vue que le synode est en outre avant tout un événement spirituel. « Sans prière, pas de synode », a déclaré le Pape François. Ce n’est pas seulement l’écoute mutuelle, mais tout autant l’écoute de l’Esprit Saint qui doit guider le discours. Sentir ce que Dieu veut de son Église : tel est l’objectif du processus de recherche du synode, auquel tout le peuple de Dieu doit participer. En ayant des conversations dans l’Esprit, nous cherchons à écouter la voix de Dieu qui nous parle à travers l’Esprit Saint, alors qu’il ouvre progressivement nos cœurs et nos esprits à ce qu’il a à nous dire. À maintes reprises, le pape François nous a rappelé qu’un synode n’est pas un parlement. Il ne s’agit pas de prendre parti, d’être partisan ou de se diviser en factions politiques. Le synode est un espace privilégié de discernement, où l’Esprit Saint est présent et à l’œuvre tandis que nous nous réunissons et nous écoutons les uns les autres.
Il ne s’agit là que de quelques considérations destinées à nous mettre en appétit pour les échanges que nous aurons pendant le reste de la journée. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un séminaire d’automne fructueux et enthousiasmant.
Je souhaite à chacun d’entre nous et à toute l’Assemblée un temps d’écoute fructueuse de l’Esprit.